L’école nuit-elle à l’évolution du français ?

Avant toute chose, j’avais d’autres articles de prévus (plus futiles, puisqu’il s’agissait de « japoniaiseries »), et j’ai bien conscience que le thème graphique du blog n’est pas très sexy, mais si j’attends de régler ce genre de détails, je n’écrirai jamais.

Alors oui, j’ai choisi un titre bien putaclic, étant quelque part dans la mouvance de la presse. Cet article fait justement écho à une info qui a été largement déformée et qui a fait venir Blanquette sur les plateaux TV/Radio: d’anciens profs belges qui proposaient de supprimer l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir.

La règle, pour celles et ceux qui ne l’auraient pas en mémoire:

Le participe passé d’un verbe conjugué avec l’auxiliaire avoir s’accorde avec le COD du verbe si ce COD est antéposé.

Cette règle, bien tordue dans l’absolu, nous vient de l’italien de la Renaissance, à l’époque où c’était LA langue à singer pour être à la mode. C’est, par ailleurs, l’une des règles d’accord grammatical (car l’on parle bien ici de grammaire, l’orthographe ne définissant que la norme graphique admise pour un mot)les moins bien maitrisée par les enfants français, tout comme les adultes. Je crois que la seule qui est pire, c’est celle de l’accord du participe passé avec les verbes pronominaux.

Cette règle a-t-elle vraiment un fondement majeur, une raison qui nous pousse à la conserver envers et contre tout ?

Romain, étudiant en linguistique, et vidéaste de la chaine Linguisticae, vous livre son avis éclairé dans la vidéo suivante, avis que je rejoins:

Il avait aussi publié deux vidéos sur le français du futur, où il faisait notamment remarquer l’évolution de la marque de négation:
* Au départ, elle n’était portée que par le ne: Je ne puis guère satisfaire à votre demande.
* Puis vint ce que nous autres ~~tortureurs d’enfants~~ enseignants appelons les « lunettes »; le verbe est encadré par ne et une deuxième marque de négation, qui la nuance (plus, pas, guère, jamais…): Je n’ai pas cassé ton iPhone X acheté avec nos allocations rentrée, maman!
Ceci est encore la norme écrite prescrite aujourd’hui.
* Hors, et vous seriez de mauvaise foi si vous me contredisiez (ou alors vous parlez un français fort chatié), la tendance populaire (à l’oral, majoritairement) est à l’éludation du ne, alors qu’au départ c’était lui la marque de la négation! Ex: J’ai pas fait mes devoirs, j’ai farmé sur FortNite jusqu’à minuit.

Car, au final, qu’est-ce qu’une langue vivante? C’est une langue généralement parlée, et qui évolue sans cesse au gré des usages des gens qui la parlent. La langue écrite vient après, comme le résultat d’une volonté de transmettre ou de conserver des paroles, des idées.
La langue parlée est donc celle qui évolue le plus vite, et la langue écrite se doit de suivre ses changements. Le problème, c’est que la langue écrite est normée de façon très stricte par ~~des vieux cons~~ l’Académie Française. Et, comme nous sommes en France, nous sommes fiers de tout ce qui peut marquer notre « singularité culturelle », que ce soit des règles arbitraires d’un autre âge, une langue dont la complexité grapho-phonique est complètement ubuesque (on parle du nombre de graphies différentes du phonème [k] ?), ou encore de tirer sur des cyclistes déguisés en faisans, assis à côté d’un cubis de rosé le dimanche matin.

À mon sens donc, les vecteurs de norme que sont l’Académie Française et in extenso l’école de la République, gagneraient à acquérir une plus grande souplesse, à réfléchir à adapter un code de l’écrit pour qu’il soit à la fois plus en adéquation avec la langue parlée, mais aussi qu’il adopte une correspondance grapho-phonique plus allégée, car elle me donne bien trop souvent l’impression de « c’est la France, le français ça se mérite ». Cela a pour conséquence une énorme classification sociale (ceux qui savent écrire « correctement » et les autres), alors qu’au contraire, la langue écrite devrait être un vecteur simple de communication et de transmission.
Je conclurai sur le fait que les garants de la « bonne vieille norme » sont souvent les ronchons qui disent que « notre jeunesse est dissolue, elle n’a plus aucune valeur et gna gna gna », alors que déjà dans l’Antiquité, Platon disait:

« Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge »

Et vous, qu’en pensez-vous ? (difficile de faire plus « commentez pour faire grandir mon e-penis »)

PS: l’éditeur Markdown de WordPress semble faire du caca, les mots entre tildes devraient normalement apparaitre en barré.

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